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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 10:30

Seulement quelques jours après mon arrivée à Melbourne, je quittais cette agréable cité et revenais à Sydney, pour une nuit. Ma dernière nuit en Australie, célébrée, comme il se doit, avec les vieux potes de Manly.

 

Le lendemain après-midi, un mercredi, mon avion décollait, direction la maison. Quel sentiment étrange que ce départ. La sensation de partir trop tôt, mélangée à une précoce naissance de nostalgie, mais contrebalancée par l’excitation du retour et des retrouvailles ! Mais quelque fussent mes pensées d’alors, je croyais mes aventures terminées. C’était sans compter sur je ne sais quelle force de la nature qui sembla juger mon retour inopportun et décida d’y jouer de son grain se sel.

 

Première épreuve : supporter l’escale. Je n’aurais jamais cru possible que je connaisse un aéroport international comme ma poche, mais pourtant, après 15 h à tourner en rond dans l’aéroport international d’Abou Dhabi, je commençais à comprendre l’endroit. Arriver le mercredi soir, à 23 h 10, pour repartir le jeudi, à 14 h 10. La dizaine de micro-siestes et les centaines de pages avalées entre temps n’auront pas suffit pour m’empêcher de trouver le temps un tantinet long. Après ça, je n’avais plus qu’une envie : monter dans cette saleté d’avion, rejoindre Paris, sauter dans mon train, descendre dans la plus belle ville du monde (Rennes), monter dans la voiture du frangin, descendre à la maison et me poser dans le canap’ !

plafond

Tel est le plafond que j'ai dû admirer pendant 15 h.

 

Quand la salle d’embarquement fut enfin ouverte, je m’y précipitai, histoire de changer d’environnement, et attendis. Je fus rapidement rejoint par une armée de voyageurs, parmi lesquels des dizaines de français, et je commençai à taper la discute avec une jeune femme, petite trentaine et d’apparence plutôt cool. C’était la deuxième épreuve.

 

Après 10 minutes, j’aurais volontiers signé pour 15 nouvelles heures à attendre le prochain vol si en échange elle cessait de jacter. Insupportable. Elle venait de passer un mois en Thaïlande et, non-contente de me raconter son voyage, m’a vite embarqué dans le récit de sa vie, avec ses déceptions, ses ennuis, ses emmerdes.

 

Je venais de passer 15 h à me tortiller sur de froides et dures banquettes d’aéroport, cherchant désespérément une position qui les rendrait confortables comme des lits de coton, et je n’avais aucune envie d’écouter les misères d’une pauvre fille perdue dans un monde trop grand pour elle. Je décidai donc d’adopter la neutralité, en attendant de quitter la salle d’embarquement et de pouvoir tranquillement oublier son existence. Le masque inerte et insensible derrière lequel je cachais mon agacement et ma lassitude résista jusqu’à ce que les navettes arrivèrent près de la salle et que les portes s’ouvrirent. La foule en attente se leva alors, et je profitai de l’occasion pour me laisser emporter, au milieu des voyageurs et des bagages à main, loin de la pipelette.

 

Arrivé dans l’avion, je constatai avec grand plaisir que j’étais placé côté hublot, avec un seul siège à ma gauche. Mais à peine ai-je eu le temps de ranger mes sacs, de délacer mes chaussures et de regarder quels films étaient au menu du vol que ma nouvelle ennemie s’approcha en délectant joyeusement : « Ah ben c’est cool, ça : on est à côté ! ».

 

Je vous fais grâce des supplices endurés lors de ces quelques heures. Dites vous simplement que pour la faire taire, l’excuse de la sieste n’a fonctionné qu’une fois. Quant à celle du film, elle fut un échec redondant.

 

Je pensais avoir vécu le pire de ce voyage retour, quand à mi-parcours elle me fit part du plus diabolique de ses plans. Grâce aux rares occasions que j’ai eu de m’exprimer, la bavarde avait compris qu’en arrivant à Paris, je devrais traverser la ville jusqu’à la gare Montparnasse et y prendre un train pour Rennes. « C’est pas bête ça, je vais t’accompagner jusqu’au Mans. J’irai chez ma mère ! ».

 

« Soit », pensais-je… Je n’étais plus à ça près.

 

Mon timing était serré : je disposais de moins de 3 h pour faire Roissy-Montparnasse. Après m’être enquis auprès de Parisiens présents dans l’avion du parcours le plus rapide en RER/métro, je me jetai dans une rame, accompagné de mon boulet. Un boulet qui ne cessait de me répéter : « j’ai vécu des mois à Paris, on sera largement à l’heure à Montparnasse ».

 

Mais au premier changement de ligne, la spécialiste avait le nez collé au plan du métro et était incapable d’identifier la station dans laquelle nous nous trouvions. Perdant patience, je lui fis alors clairement comprendre que je n’avais pas le temps et que si elle voulait prendre son train, elle n’avait qu’à me suivre. Il était plus de 20 h, et mon train partait à 21 h 15.

 

Malgré la présence indésirable de ma nouvelle amie la jacasse, le trajet jusqu’à Montparnasse se passait plutôt bien, et même si je ne cessais de regarder ma montre, je me sentais confiant. Trop confiant, sans aucun doute, car j’étais loin d’imaginer ce qu’il s’est passé ensuite.

 

Descendant de la rame à Denfert-Rochereau, pour le dernier changement, elle me porta le coup fatal ! Cela ne faisait que quelques secondes que nous arpentions le long couloir rectiligne qui rejoignait la ligne 4 lorsqu’elle s’écria : « Merde, ma valise ! » Elle l’avait oublié dans le métro…

 

Complètement paniquée, elle me demande quoi faire. Je ne peux pas la laisser seule dans cet état et rejoins avec elle le quai que nous venions de quitter. Pas de trace de valise, ni de métro. Je lui conseille de signaler la perte auprès d’un agent, en lui faisant comprendre que je ne pourrais pas faire grand-chose de plus pour l’aider. Elle veut que je l’attende, le compteur tourne… Elle insiste, et je me résigne à rester. Quelques secondes, pour l’aider à se calmer et à trouver un agent. Les secondes se transforment en minutes avant qu’enfin un couple de conseillers ne passe par là. Je leur colle alors la pipelette étrangement muette dans les bras, leur fait un topo rapide, et dis à la demoiselle, dont j’ai oublié le nom, « j’y vais, le train ne m’attendra pas ».

 

Trois minutes plus tard, j’étais dans une nouvelle rame. Encore trois minutes et elle stoppait à Montparnasse. Cinq minutes supplémentaires de marche dans le souterrain pour rallier la gare, et me voilà arrivé au guichet, près à retirer mon billet. Je m’adressai alors au conseiller, plein d’espoir : « c’est pour le train pour Rennes, à 21 h 15 ».

 

« Désolé monsieur, il est parti il y a deux minutes. »

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