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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 07:58

« Ramasseur de bananes »

Ça sonne bien, hein ?

Le mot « banane » en lui-même (dérivé du bantou de Guinée banema, à travers le portugais) (et traduit par « figue » en créole à la Réunion et aux Antilles) est une réelle source d'imagination, et fait office de véhicule vers plusieurs images distinctes. Que ce soit en rapport à la chaleur, le soleil, des fleurs dans les cheveux, Carlos et Jean Gabin, des plages de sables fin, des cocktails avec des petites ombrelles ou encore quelques passages de Retour vers le futur*, le mot « banane » est forcément évocateur d'un petit quelque chose à qui que ce soit. Pour ma part, jusqu'à la semaine dernière, ça me faisait penser à de la crêpe, du beurre salé et du chocolat. Mais aujourd'hui la banane a un effet totalement différent sur moi.

Comme la plupart d'entre vous j'associais bien sûr banane à chaleur et soleil, et pour moi un champ de bananes, c'était composé de bananiers, de terre sèche plus ou moins rouge (voire même de sable), de fleurs, de papillons colorés, de petites abeilles qui butinent dans la sérénité la plus totale, de petits singes qui se baladent aux bout de lianes souples et solides en chipant une banane par ci par là, et de petits anges tout nus qui mangent du miel en dansant la claquette...

Et quelle ne fût donc pas ma déception, lorsque mardi matin, aux alentours de 7h30, j'arrivais dans un champ de bananes pour la première fois de ma vie. Des dizaines de bananiers alignés sur 50 à 100m de chaque côté d'allées juste assez larges pour faire passer un tracteur avec sa remorque. De la boue partout, des hautes herbes, des branches, des feuilles et des vieilles tiges de bananiers éparpillées un peu partout, des grenouilles, des crapauds, des lézards, des énormes mouches, des araignées et leur toile, des serpents et beaucoup de pluie ! Ni Carlos, ni Jean Gabin, ni collier de fleur à l'horizon ! Et le seul cliché qui se révèle vérifié est la chaleur ! Le soleil quant à lui est apparu deux ou trois fois dans la semaine, et juste pour 5 minutes, soit le temps suffisant, en climat tropical, pour se choper 3-4 coups de soleil...

Le travail en lui-même est pourtant d'une simplicité déconcertante : le tracteur avance doucement dans l'allée et les mecs qui sont autours sont censés le remplir au fur et à mesure avec des régimes de bananes. Quand il est plein, il repart à l'entrepôt, où les bananes seront traitées, et un autre tracteur vide arrive derrière. Enfantin, n'est ce pas ? Mais ajoutez à cela les conditions décrites au-dessus, le poids des régimes (entre 20 et 40 kg), et la façon de les ramasser  (un « cutter » repère un bon régime, fait une entaille dans l'arbre qui se casse à cet endroit et le régime descend doucement jusqu'à ce que tu l'attrapes et le mette sur ton épaule dans un équilibre idéal pour ne le tenir qu'avec une main et ne pas le faire tomber et que le « cutter » en coupe la base avec le bananier, te laissant ainsi l'apporter jusqu'au tracteur), et ce boulot devient très vite très dur... Vous imaginez bien sûr que tous les arbres ne tombent pas à la même vitesse, et parfois même ne cassent pas à l'endroit prévu... En 4 jours de travail je me suis pris 3 bananiers sur le coin de la gueule en plus de quelques centaines de régimes de bananes sur les épaules (dont environ  10 % se sont pétés la gueule car trop lourds ou pas bien équilibrés). Autant vous dire que l'on se sent un peu cassé à la fin de la journée et qu'on est content de voir le weekend arriver !

Si encore ça pouvait me faire progresser mon anglais... Il y aurait au moins un petit côté positif, mais mes collègues étant majoritairement des indiens (85-90%) ça reste difficile de parler un bon anglais. Et les seuls australiens qui sont là dedans ayant un accent du type très fort et étant aussi intéressants que les crapauds qu'on croise parfois dans la boue, ça limite le temps de conversation. Et être à quatre français dans la chambre du backpacker n'arrange pas spécialement les choses...

Voilà un peu un résumé de mon premier job en Australie. C'est pas un truc de tapette, hein ? Dans tous les cas j'ai hâte d'en avoir terminé, et de rentrer à Sydney, où j'ai maintenant un contact français qui pourrait m'aider à trouver du boulot. On est censé rester ici encore 3 semaines, mais c'est loin d'être une certitude...

 

*Dans Retour vers le futur le méchant (Tannen) traite toujours le gentil (McFly) de « banane ! »**

** ça fait classe les astérisques vous trouvez pas ?

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commentaires

M
Tout ça à cause d'une simple pince à épiler!!!!
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